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Tes Kaines
Tes Kaines
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PRÉSENTATION DE L'OEUVRE
Le Nouveau Testament en grec (Tes Kaines) publié en 1568 est en fait une réédition de celui qu’imprima à Paris en 1546 Robert Estienne, premier du nom (1503-1560). Issu d’une grande famille d’imprimeurs français, ce dernier succède à son père Henri (dit Stephanus), chef de la dynastie, dans l’atelier parisien établi rue St-Jean de Beauvais à l’enseigne de l’Olivier. Robert Estienne est un grand éditeur humaniste, savant et amoureux de la culture classique. Il publie de nombreuses œuvres grecques et latines et le Thesaurus linguae latina, grand ouvrage de lexicographie et premier dictionnaire bilingue destiné aux savants, qui sera suivi par le Thesaurus linguae graeca, publié plus tard par son fils Henri. Le roi François Ier, qui admire son travail, lui accorde un privilège pour chacun de ses ouvrages et le nomme imprimeur du roi en lettres hébraïques et latines en 1539. Il devient ensuite imprimeur officiel du roi pour le grec, après la mort de Conrad Néobar en 1540. Robert Estienne s’associe avec le célèbre graveur Claude Garamond pour réaliser ses caractères grecs dits «royaux» (regiis typiis), dont l’utilisation sera inaugurée avec l’édition des œuvres d’Eusèbe en 1544. C’est le plus petit des types grecs de Garamond qui servira à l’édition de 1546 du Nouveau Testament.


La publication des Bibles et Nouveaux Testaments de Robert Estienne s’inscrit dans un projet, que l’imprimeur entretient depuis les débuts de sa carrière, d’une nouvelle édition de la Bible qui prendrait en compte la multitude des variantes bibliques. Ce projet vit le jour en 1528 lorsqu’il publia une première édition de la Bible latine, fruit d’une étude comparative entre divers exemplaires manuscrits et imprimés. L’édition donne presque partout le texte de la vulgate, avec les variantes et corrections qui rétablissent les noms chaldéens, hébreux, grecs et latins, il ajoute des sommaires en tête des chapitres, des annotations, place des concordances dans les marges, ajoute un index des noms en plusieurs langues anciennes et marque les versets. Cette liberté critique lui attira évidemment les foudres des théologiens de Paris, qui l’accusèrent de transformer les livres sacrés, et plusieurs de ses Bibles furent condamnées et censurées. Puis, dans un projet d’édition de la Bible en grec en format portatif, ceci rendant sa lecture plus populaire, Robert Estienne en publia seulement une partie – le Nouveau Testament – en 1546 (qui sera réédité en 1549). C’est donc Robert II, fils de Robert Estienne, qui imprima l’édition parisienne de 1568 du Nouveau Testament. Exerçant dans le même atelier que son père, il garde la même marque typographique et reçoit aussi le titre d’imprimeur du roi. Il fait de nouvelles éditions de plusieurs livres du fonds paternel et ses impressions ont la même physionomie. L’exemplaire de l’édition de 1568 disponible à l’UQÀM suit donc, autant par son contenu que dans sa forme, la première édition de 1546 du Nouveau Testament en grec de Robert Estienne père. Il est à noter que cet ouvrage comprend en fait deux volumes, reliés parfois en un seul livre (comme l’exemplaire de l’UQÀM), parfois en deux livres séparés. Mentionnons enfin qu’il existe deux émissions différentes de ce Testament, reconnaissables à la date donnée sur la première page de titre : la première est de 1568, la seconde de 1569. Dans les deux cas, le colophon indique 1569. L’exemplaire de l’UQÀM fait partie de la première émission.

DESCRIPTION BIBLIOGRAPHIQUE
Auteur [Anonyme]

Titre [court] Nouveau Testament [Tes Kaines]

Éditeur/Publication Lutetiae : Ex officina Roberti Stephani typographi Regÿ, typis Regÿs, M.D.LXVIII.
(Paris : sous l’office de Robert Estienne, imprimeur du Roi, 1568)

Langue Grec; certains passages en latin.

Page de titre Nouveau Testament [Tes Kaines]

Colophon EXCVDEBAT ROB STEPHANVS TYPOGRAPHVS REGIVS PARISIIS IDIB. IANVAR. ANNO M.D.LXIX

Description In-16°. 2 volumes en un. Vol. 1 : 16 feuillets liminaires non chiffrés, 494 pages numérotées (vo de la p. 494 : p. blanche). Vol. 2 : 342 pages numérotées (num. à partir de la p. 4), [p. 343 à 347] non numérotées, 16 feuillets non chiffrés.

Contenu Le 1er volume contient une page de garde, une page de titre, une préface en latin (avis au lecteur), une table des concordances de la Bible (en grec, renvois par des lettres dans les marginalia), les Évangiles de Mathieu, Marc, Luc, Jean et les Actes des Apôtres. Le 2e volume contient une page de titre, les épîtres de Paul, les katholikai (épîtres de Jacques, Pierre, Jean et Jude) et l’Apocalypse de Jean. Suit un index qui renvoie aux numéros de pages et aux versets, un colophon, un sommaire du privilège, la marque typographique de l’imprimeur, puis une page de garde.
Gravures/illustrations Lettres décorées et bandeaux à motifs végétaux et animaux au début de chaque chapitre.

Imprimerie Caractères grecs, romains.

Papier 110 mm x 75 mm.

Notes Privilège du roi accordé le 16 septembre 1568.

Deux ex-libris portant l'inscription: « Ex libris, Bibliothecae Majoris, Collegii S. J. ad Sae Mariae, Marianopoli »; un autre ex-libris portant l'inscription: « Collège Ste-Marie », avec le symbole des Jésuites (IHS, le H surmonté d’une croix). Estampille de la croix de Malte.

Marque des imprimeurs du roi pour le grec sur les deux pages de titre : le thyrse sur lequel s’enroule un rameau d’olivier et un serpent, avec la devise en grec Basilei t’agathô kraterô t’aikmètè (« Au roi, le bon, le puissant, le redoutable »). Au verso de la dernière page : une des formes de l’Olivier (marque des Estienne), avec la devise Noli altum sapere sed time (« Ne goûte pas à la profondeur mais respecte-la »), tirée de Saint Paul.

Reliure non d’origine, cuir brun et probablement bon marché vu la nature et le format de l’ouvrage (basane?), usure apparente, dos craquelé, plats de carton, tranches mouchetées de rouge. Pièce de titre en maroquin rouge sur le dos avec le titre inscrit à la main : NOVUM TESTAMENT L GRECUM.

Marginalia : lettres grecques imprimées dans les marges (renvois du tableau des concordances bibliques).

Ajouts de lettres de renvois et de quelques mots à la main (grec et latin) à l’encre très pâle.

Titres courants. Réglures apparentes.

Erreur d’impression les titres courants de l’Évangile selon Marc : p. 151 et 153, ils indiquent [Évangile] « selon Mathieu », et reviennent ensuite à « selon Marc ».

Marques de censure : le nom de l’imprimeur est systématiquement censuré (rayé à l’encre noire) partout où il apparaît (à la 1ère page de titre, au début de la préface au lecteur, au colophon et dans le texte du privilège), sauf à la page de titre du vol. 2.

Cote BS1965.1568.

Références bibliographiques spécialisées Renouard (Annales…).

LIENS ET RÉFÉRENCES GÉNÉRALES
Ouvrages pertinents à consulter:

RENOUARD, Antoine Augustin. Annales de l'imprimerie des Estienne, ou histoire de la famille Estienne et de ses éditions.Genève : Slatkine, 1971.

ARMSTRONG, Elizabeth Tyler. Estienne, royal printer. [Appleford] : Sutton Courtenay Press, 1986.

Cette notice a déjà paru, sous une forme légèrement différente, dans le catalogue de l’exposition publié dans Brenda Dunn-Lardeau et Johanne Biron, éds, Le Livre médiéval et humaniste dans les Collections de l’UQAM. Actes de la première journée d’études sur les livres anciens, suivis du Catalogue de l’exposition L’Humanisme et les imprimeurs français au XVIe siècle, Université du Québec à Montréal, Figura, Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire, coll. «Figura », n° 15, 2006, p. 169-170.

Sur la famille Estienne:

http://www.u-cergy.fr/dictionnaires/auteurs/Robert_ESTIENNE/biographie.htm

http://www.museeprotestant.org/Pages/Notices.php?lev=2¬iceid=203&scatid=4&cim=208

Sur les Bibles anciennes :

http://topa.be/toulouse/ict/bibliotheque/exposition/bible_et_bibliophilie_bibliotheque_ICT_toulouse_001.mv

Rédaction Geneviève Proulx, avec la collaboration de Cybèle Laforge et de Brenda Dunn-Lardeau.

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