[Présentation de l'oeuvre]  [Description bibliographique]  [Liens et références générales]
Miniature de «l’Annonciation» tiré du manuscrit Les Heures de Pellegrin de Remicourt, avec sa bordure comprenant un entrelacs de feuillages et de fruits rehaussée d’un oiseau et d’une créature du bestiaire imaginaire médiéval.
Miniature de «L’annonce aux bergers » tiré du manuscrit Les Heures de Pellegrin de Remicourt, 1478, folio 47 recto, conservé à la Bibliothèque des Arts de l’Uqam avec sa bordure aux feuilles d’acanthes et un entrelacs de fleurs stylisées (par ex. des pâquerettes) et d’autres de style réaliste (pensées). La panse de la lettrine D est ornée de fleurs.
Première partie du calendrier de novembre avec les lettres d’or et lettres dominicales tiré des Heures de Pellegrin de Remicourt.
PRÉSENTATION DE L'OEUVRE
Un type de livre important au Moyen Âge, et encore à la Renaissance, est sans contredit le livre d’Heures, compte tenu non seulement de la beauté de son illustration mais aussi de sa place dans la vie religieuse et sociale.

Jusqu’à la fin du XIIe siècle, le livre liturgique pratiqué par les laïcs avait été le psautier. Puis ces livres reçurent des additions : litanies, hymnes, office des morts, office de la Vierge, calendrier, qui les transformeront en un livre de prières et un livre liturgique personnalisé, appelé livre d’Heures. Cette production va se prolonger jusque dans les livres d’Heures imprimés du XVIe s. Pour tout seigneur ou bourgeois d’une relative aisance, un tel ouvrage était une possession obligée, la marque de sa position sociale. Quelques uns, plus fortunés ou amateurs de beaux livres, en possédaient plusieurs ; les plus célèbres de ces livres sont les Très riches Heures du duc Jean de Berry, laissées inachevées à sa mort (1416) par les frères Limbourg, suivies par Les Heures de Rohan (composées entre 1420 et 1427) du duc du même nom et dont plusieurs illustrations s’inspirent des premières. Rappelons que les frères Limbourg, d’origine hollandaise, furent influencés par les artistes du Nord et de l’Italie en ce qui concerne la lumière et la profondeur spatiale même si on ne leur reconnaît pas encore la maîtrise de la perspective des artistes de la Renaissance, ni celle du dessin d’anatomie de Léonard de Vinci ou de Michel Ange. Quant au paysage de ces illustrations, on trouve encore les traditionnels fonds quadrillés ou unis, mais aussi (et c’est le trait spécifique du XIVe siècle) de véritables paysages, même si souvent ils sont encore symboliques plutôt qu’organisés selon les lois de la perspective. Pour ce qui est des vêtements des nobles et des guerriers de ces enluminures, on y retrouve le même phénomène que dans les Bibles et les livres populaires où les scènes étaient situées non dans l’Antiquité, mais dans le monde contemporain à l’illustrateur, obéissant au principe de disjonction historique énoncé par E. Panofsky suivant lequel ce n’est pas avant la seconde moitié du Quattrocento (XVe siècle italien) que le souci archéologique assurera une cohérence formelle entre un sujet antique et sa représentation.

Le manuscrit des Heures de Pellegrin de Remicourt, maître d’hôtel du duc René de Lorraine, représente un magnifique spécimen de cette tradition du livre d’Heures avec ses enluminures en pleines pages rehaussées de bordures à motifs floraux fort délicats. Ses six scènes, illustrant la vie de la Vierge ou du Christ, présentent des éléments d’architecture ou de décoration à la fois sacrés et profanes, illustrant en cela le principe de disjonction historique. Il est à mentionner que des folios supplémentaires furent ajoutés au début du manuscrit pour servir au propriétaire de registre des naissances. Ce dernier y consigna les noms de ses nombreux enfants ainsi que ceux des parrains et marraines, dont le duc et son épouse, la reine Yolande. Plus d’une main travailla à la rédaction de ce manuscrit, aussi les dernières pages, plus tardives sans doute, font état de dévotions particulières.

Comme l’illustre ce bel ouvrage, les livres d’Heures manuscrits étaient plus adaptables au goût et à la fortune de chacun. Entre autres traits personnalisés, certaines prières pouvaient souligner les vénérations privées à un saint. Lors de l’avènement de l’imprimerie, les livres d’Heures purent passer sans trop d’encombre à la production en série en raison de la stabilité générale des prières et de la récurrence de certains Offices (par exemple, sont illustrées en général l’Office de la Vierge avec son Annonciation, son Couronnement).
DESCRIPTION BIBLIOGRAPHIQUE
Auteur [Anonyme]

Titre [court] [Les Heures de Pellegrin de Remicourt]

Éditeur/Publication [Provenance géographique et datation: Lorraine (France), 1478]
Langue Latin, moyen français.
Page de titre [Les Heures de Pellegrin de Remicourt].
Colophon Sans colophon.
Description Aucune foliotation, aucune réclame.
Contenu Fol. 1 ro-4 vo :registre des naissances des enfants de Pellegrin de Remicourt avec la mention des parrains et des marraines. Fol. 5 ro-16 vo : calendrier avec chiffres d’or, lettres dominicales et la mention de certaines fêtes de saints. Fol. 17 ro-21 ro : séquences des Évangiles. Fol. 21 ro-23 vo : prière «Obsecro te». Fol. 24 ro-26 vo : prière «O intemerata ». Fol. 27 ro-34 vo : l’office de la vierge commence avec Annonciation, avec le verset «Domine labia mea aperies» (Seigneur ouvre mes lèvres). Fol. 35 ro-43 vo : laudes. Fol. 44 ro-46 vo : prime. Fol. 47 ro-49 vo : tierce, avec le verset «Deus in adjutorium meum intende» (Seigneur, hâte-toi de me secourir). Fol. 50 ro-51 vo : sexte. Fol. 55 ro-56 vo : vêpres. Fol. 52 ro-54 vo : none. Fol. 57 ro-67 vo : complies. Fol. 68 vo-72 vo : heures de la croix et du saint Esprit (?). Fol. 73 ro-95 vo : office des morts avec l’oraison «Placebo Domino in regione vivorum ». Fol. 96 ro-99 vo : quinze allégresses de la Vierge. Fol. 99 vo-101 ro : deux oraisons à la Vierge et à la sainte Trinité en français. Fol. 102 ro-104 ro : prière «Stabat Mater dolorosa »avec changement de main. Fol. 105 ro-107 vo : suffrages aux saints en français avec un autre changement de main. Fol. 107 vo : oraison en latin :«Pater Noster» et «Ave Maria », écriture plus petite que le reste. vo de la page de garde : invocation « Pardon à saint Antoine de Padoue» suivie d’une prière en latin.
Gravures/illustrations Enluminures et lettrines:

Nombreuses lettrines ornées et initiales peintes, 6 miniatures en pleines pages. Bordures à motifs floraux : on retrouve des motifs et des agencements semblables dans des manuscrits ornés à Paris ou par des artisans formés à Paris entre 1430 et 1468

Six miniatures enluminées :1- L’annonciation (f. 27 ro); 2- L’annonce aux bergers (f. 47 ro); 3- La présentation au temple (f. 52 ro); 4- La Fuite en Egypte (f. 55 ro); 5- La Crucifixion (f. 68 ro); 6- L’Inhumation (f. 73 ro de l’Office des morts).

Quatre autres pages aux bordures enluminées (fol. 21 ro, 24 ro, 96 ro et 99 vo). On retrouve des éléments de décoration des bordures semblables à ceux des Heures de Pellegrin de Rémicourt dans plusieurs manuscrits français du XVe siècle.
Imprimerie Écriture : gothique bâtarde.
Papier 100 mm x 140 mm. Parchemin en vélin, folios réglés à l’encre rouge, texte sur une colonne, baguettes de fin de ligne.
Notes Provenance: École des Beaux-Arts de Montréal.
Pellegrin de Rémicourt, le propriétaire du manuscrit, a été le maître d’hôtel du duc René de Lorraine.

Les noms des saints, qui ne dont pas donnés pour chaque jour du mois, sont ceux vénérés par l’Église universelle, ou selon les dévotions régionales lorraines, tels Honorine.

Reliure non d’origine en cuir avec les bordures des plats estampées à chaud. Sur le dos abîmé, inscription erronée d’une pièce de titre Les Heures de 1480 qui ne correspond pas à la datation inscrite dans le manuscrit lui-même.
Cote Sans cote (conservé aux Collections spéciales de la Bibliothèque des Arts).

Références bibliographiques spécialisées [à venir].
Privilège --
LIENS ET RÉFÉRENCES GÉNÉRALES
Ouvrages pertinents à consulter:

LEMAY, Martine. Les Heures de 1480, Étude du manuscrit conservé à la Bibliothèque des Arts de l’UQAM, avril 1995, 29 pages (étude inédite déposée aux Collections spéciales de la Bibliothèque des Arts de l’UQAM).

GERMAIN, Léon. «Note sur l’origine de la famille Thélod-Pélegrin», Journal de la Société d’archéologie et du comité du musée lorrain, 47, 1897, p. 62-70.

Sur le principe de disjonction historique:

PANOFSKY, E. La Renaissance et ses avant-courriers dans l’art d’Occident, Paris, 1976 (Stockholm, 1960), p. 89.

Sur le livre d’heures:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_d'heures

http://bmiu.univ-bpclermont.fr/CULTURE/JEUDIS_PATRIMOINE/LIVRES_D_HEURES.htm
Rédaction Brenda Dunn-Lardeau avec la collaboration de Michel Hébert, Martine Lemay et Cybèle Laforge.
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